Cleer, Be yourself, L.L. Kloetzer

Cleer, une fantaisie corporate, L.L. Kloetzer, éd. Denoël, 350 p.

Quatrième de couverture

Cleer est un concept, une idée flottant dans l’éther, une pure lumière. Cleer est une corporation, une multinationale d’aujourd’hui et de demain, tendant vers l’absolu. Vinh et Charlotte participent de cet effort. Ils sont des consultants spéciaux, ils résolvent des problèmes mettant en jeu le bien le plus précieux du groupe : son image. Pour eux, les cas de diparitions, les épidémies de suicides, les contaminations transgéniques. Il défendent la vérité, la transparence, la fluidité de l’information, les intérêts des actoinnaires. Ils sont l’ultime ressource contre la superstition et le chaos. Ils sont la Cohésion Interne.

Cleer est le témoignage d’un univers professionnel aux limites de l’incandescence.

Quoi d’autre ?

Je pense que la sensation finale que j’ai ressentie en fermant le livre est insaisissable.

Revenons maintenant un peu en arrière, aux Utopiales. Cleer et ses co-auteurs, très sympathiques, y ont reçu le premier prix des blogueurs . Pas d’hésitation donc de mon côté, l’objet a atterri dans ma valise.

Et ce n’est pas un objet comme les autres. C’est une fantasie (pas de l’aventure ou de la science-fiction), cinq nouvelles écrites à quatre mains indépendantes et qui ont pourtant une cohérence chronologique (chaque nouvelle nous en apprend plus sur les personnages et leur évolution). Les auteurs nous introduisent dans l’univers d’une entreprise, et même si les actions se passent autant en extérieur que  dans l’entreprise, on se trouve dans un huis clos. La forme du roman est originale et se retrouve dans l’objet physique du livre (couverture, graphisme, présentation)  et dans le style : l’entreprise est partout. Au moins, tout le propos est assumé. Cleer est un concept, le livre est un concept, l’histoire est un concept, le style et l’écriture est un concept.

Revenons à ma première phrase : insaisissable : parce qu’il y a des côtés obscurs du roman qui n’ont pas forcément de réponse hormis celles que voudra donner le lecteur. J’ai adoré les trois premières nouvelles, je me suis moins laissé convaincre par les deux dernières. Le monde de l’entreprise est décris dans toute la froideur du monde actuel : celui où l’humain n’a plus la même place. Vinh et Charlotte sont les deux personnages que nous suivons. Vinh apparait très vite comme antipathique et pourtant j’ai beaucoup aimé ce personnage. Oui, la promotion passe avant tout, oui il est froid, oui il n’est presque plus humain, mais il a totalement conscience de cela et l’assume. C’est ce que j’ai apprécié dans ce roman, pas de jugement de valeur, juste une description. On prend l’histoire de Vinh et Charlotte et on ne sait pas vraiment la fin. Il font leur choix.  Charlotte est sensible, se questionne, laisse place à l’intuition. Et elle apparait vite comme un élément plus efficace que Vinh pour trouver les réponses. Le duo parfait d’un certaine manière.  Le monde informatique est très présent, il faut se laisser porter et ne pas se bloquer sur le vocabulaire (j’adore les technologies et je passe mon temps à chercher et conserver de l’information donc cela me parlait. Mais je ne sais pas si tout le monde accroche pareil). Les nouvelles sont à la fois totalement réelles et irréelles, un peu comme le monde des grandes entreprises non ?

Le petit élément frustant : plein de références et je suis sûre que j’en ai raté zut zut zut.

Donc Laissez-vous tenter par la méthode Karenberg et retournez au travail une fois le livre fini.